Les outils du traducteur

Comme tout professionnel, pour effectuer son travail, le traducteur a besoin de différents outils qui vont du plus générique au très spécifique. Si tous les traducteurs ne travaillent pas de la même manière, on retrouve tout de même nombre de points communs d’un professionnel à un autre. Cependant, une grande partie des indispensables est généralement méconnue du grand public. Voici un panel des outils les plus utilisés dans notre métier :

suites bureautiques

Cela peut paraître assez évident, mais les traducteurs actuels ne travaillent pratiquement plus qu’avec des outils informatiques. Il est loin le temps de la machine à écrire et encore plus lointain celui du stylo et du papier. La plupart des traductions se font sur traitement de texte, tableur ou sur des présentations sous forme de diapositives. C’est un peu le b-a-ba du traducteur et la suite bureautique est vraiment l’indispensable.

Si tout le monde connaît la suite Microsoft Office, ce n’est cependant pas la seule sur le marché. Il existe des solutions, parfois gratuites et Open Source, telles que Open Office ou Libre Office, qui sont même privilégiées dans certaines institutions.

Quelle que soit la solution utilisée, le traducteur doit savoir l’utiliser pleinement. Il ne suffit pas de maîtriser les bases d’un logiciel de traitement de textes. La nature du métier l’oblige à utiliser au quotidien des fonctions avancées indispensables. Comparaison, suivi de modifications, vue parallèle de deux textes, macros… sont tous des incontournables.

Dictionnaires

Ne nous mentons pas, un traducteur ne peut maîtriser l’intégralité du vocabulaire de ses langues de travail. Entre les termes peu usités, ceux qui sont désuets, très spécifiques à un jargon professionnel ou ceux qui demandent tout simplement quelques clarifications, la liste est longue.

Pourtant on constate qu’un locuteur natif n’utilise qu’entre 3000 et 5000 mots, dont seulement un petit millier pour les discussions quotidiennes. Un dictionnaire comme le Petit Larousse illustré, qui est loin d’être le plus complet, compte déjà plus de 35000 entrées. Multipliez ce nombre au minimum par 2, puisqu’on parle de langue source et de langue cible, et nous voilà avec de quoi oublier quelques mots par-ci par-là ! Bref, il est normal que le traducteur ait parfois besoin de fouiller dans un dictionnaire.

Au-delà de la clarification, les dictionnaires de synonymes sont un atout précieux. Ils permettent de pallier des pannes d’inspiration, de retrouver une nuance exacte ou parfois de penser à une autre approche sur une phrase peu élégante.

Si les linguistes restent très attachés au papier, les exigences de rapidité du métier poussent forcément à se tourner vers l’informatique. L’offre est abondante et surtout en ligne : Larousse, Robert, Wordreference, Urban Dictionary, Synonymes.com ne sont que quelques exemples.

Glossaires

En complément des dictionnaires, les traducteurs travaillent beaucoup avec des glossaires qui peuvent être aussi bien monolingues que bilingues. Ceux-ci sont souvent fournis par le client et répondent à des besoins soit de clarification, par exemple pour des acronymes ou des néologismes, soit d’homogénéisation de vocabulaire pour respecter une ligne éditoriale ou une image de marque. J’ai par exemple travaillé pour une marque qui demandait d’utiliser le terme « soulier » et de bannir le mot « chaussure ».

La même problématique peut survenir par rapport à un jargon interne à l’entreprise. Les titres des personnes ou les noms des départements en sont de bons exemples : d’une société à une autre, on peut facilement retrouver des appellations différentes pour des fonctions identiques.

Les glossaires permettent de lever nombre de doutes et de se prémunir d’aller-retour avec le client. Ils permettent aussi d’éviter quelques écueils qui pourraient passer pour un défaut de qualité.

Si la plupart des glossaires sont fournis sous la forme de tableaux, ceux-ci peuvent être convertis dans des formats les rendant plus interactifs. Notamment pour que les termes soient repérés automatiquement et le traducteur averti lorsqu’il utilise les logiciels dédiés aux traducteurs par excellence : la TAO.

Logiciels de TAO

J’en parle déjà dans la FAQ du site, mais s’il y a bien un indispensable du traducteur qui est ignoré du public, c’est bien le logiciel de TAO.

TAO signifie Traduction Assistée par Ordinateur, on appelle aussi cela CAT tool en anglais (oui, oui comme le chat !). Bon, certains diront que ce n’est en aucun cas un indispensable. Il est d’ailleurs vrai que pour certains documents cela n’apporte pas grand-chose. Cela peut même présenter un frein (textes littéraires ou très rédactionnels…). Mais pour le reste, c’est un des outils les plus utiles dans la palette du traducteur.

S’il existe des variantes dans les fonctionnalités d’un logiciel à un autre, les grands principes restent toujours les mêmes. Les textes soumis aux logiciels sont découpés en segments (plus ou moins en phrases) qui sont ensuite comparés aux mémoires de traduction. Pour faire simple, les mémoires de traduction sont des bases de données qui regroupent toutes les traductions déjà effectuées lors de projets précédents. Le but est de récupérer les phrases similaires et leur traduction afin de gagner du temps et de conserver une certaine homogénéité.

Mais les atouts de ces logiciels ne s’arrêtent pas là. Ils mettent également à disposition pléthore d’autres outils : glossaires interactifs, correcteur orthographique, localisation automatique des nombres, conversions des unités de mesure, check qualité, vérificateurs orthographiques… et même pour certains, des moteurs de traduction automatique.

Vérificateurs d’orthographe

Oui, les linguistes sont des amoureux des langues et parfois un peu rigides sur les règles. Mais, ils n’en restent pas moins des humains et ils peuvent donc faire des fautes, coquilles et autres étourderies. Non pas qu’ils ne connaissent pas les règles, mais pris dans le feu de l’action, avec cette phrase reformulée 15 fois… et bien la faute qui devait arriver, est là. Heureusement, le traducteur averti est équipé d’un correcteur d’orthographe puissant.

Tout le monde connaît celui qu’on retrouve dans les logiciels de la suite Microsoft Office et surtout sur Word. Mais il existe des outils bien plus puissants, parfois intégrés directement dans certains logiciels de TAO ou parfois totalement indépendants (Antidote par exemple). Ces outils ne se contentent pas de fournir la bonne orthographe des mots, ils vérifient aussi la grammaire, les accords, la syntaxe et pour certains donnent même des conseils de style !

Mais il faut bien choisir l’outil désiré, car ceux-ci sont réellement basés sur les langues vérifiées. Par exemple Grammarly, qui fait beaucoup de publicité en ce moment, ne traite que l’anglais.

Moteur de traduction automatique

Je sens déjà les puristes tirer la sonnette d’alarme… Mais oui, mis à part l’habituel petit village d’irréductibles, les traducteurs utilisent eux aussi la traduction automatique. Cela se traduit de plusieurs manières au quotidien.

Tout d’abord d’une façon plus ou moins ponctuelle et au besoin. Une phrase un peu tordue, besoin d’idées, un mot pas clair, besoin rapidement de synonyme… Il arrive fréquemment au traducteur de regarder ce que propose la machine. Rien de bien méchant à priori à cela puisque ce n’est qu’une source d’inspiration parmi tant d’autres.

De manière systématique dans certains processus de traduction : traduction augmentée, post-édition. Là, la traduction fournie par la machine sert de base complète. Le traducteur va alors retravailler les propositions automatiques en fonction de l’objectif et de la qualité fournie par la machine. Cela peut représenter un gain de temps considérable, mais peut également être un vrai casse-tête et prendre plus de temps qu’une traduction humaine. Tout dépend du type de texte.

Peu importe dans quelle cadre le traducteur utilise la machine. Il convient de bien choisir le moteur qui servira à fournir la base de travail. En effet, se pose d’abord le problème de la confidentialité (voir les déboires de Translate.com), puis celui de la qualité. Tous les moteurs ne se valent pas et un même moteur n’est pas forcément aussi efficace dans tous les domaines et dans tous les couples de langues. De nombreuses solutions existent et de nouvelles apparaissent régulièrement. Dans tous les cas, c’est un sujet qui me passionne et j’en parlerai plus avant dans d’autres billets.

OCR

Encore un acronyme ! OCR signifie Optical Character Recognition ou reconnaissance optique des caractères. Le principe est assez simple, vous « montrez » à ce programme des lettres, mots, phrases, textes et il vous retourne la même chose transcrite dans un format éditable (.txt, .doc/.docx ou autre). Quelle utilité ? Le but est de rendre éditable ce qui ne l’est pas à l’origine. Il s’agit des images essentiellement (que ce soit pour des textes manuscrits ou des pages scannées ou prises en photo), mais aussi les fichiers PDF qui sont souvent non modifiables. Cela permet au traducteur plein de choses :

  • pouvoir remplacer le texte existant par sa traduction ;
  • récupérer une mise en page spécifique sans passer des heures à la recréer (à supposer que ce soit possible) ;
  • pouvoir rapidement connaître le nombre de mots d’un texte, notamment pour deviser le coût de la traduction ;
  • importer le texte dans un outil de TAO ;
  • utiliser la traduction automatique…

Bref, les applications sont multiples. Mais tout comme pour la traduction automatique, il faut bien choisir le service utilisé parmi la pléthore de solutions existantes sur le marché. Là aussi, la confidentialité est un souci et la qualité peut également varier d’un logiciel à un autre, mais aussi d’une langue à l’autre. On ne reconnaît pas l’alphabet latin de la même manière que le cyrillique ou que les caractères chinois… Je simplifie, car la réalité est bien plus complexe, mais j’en parlerai plus avant dans un autre article.

Sous-titrage

Pour peu que le traducteur se spécialise dans l’audiovisuel, voilà de nouveaux outils qui s’ajoutent à sa liste. En effet, le sous-titrage requiert un certain nombre d’outils spécialisés.

Tout d’abord, ceux servant à la transcription des textes prononcés dans les fichiers source avec le repérage des temps : les fameux time codes qui serviront plus tard à dire « affiche ce sous-titre à tel moment ». On fait donc une sorte de premier sous-titre dans la langue source. Il existe différents moyens pour aider le traducteur dans cette tâche avec plus ou moins d’automatismes selon les solutions. La transcription des textes audio et vidéo est un des grands champs de recherche du traitement automatique des langages naturels, au même titre que la traduction, mais j’aurai l’occasion d’en reparler une prochaine fois.

Puis, vient le moment de la traduction à proprement parler. Celle-ci doit pouvoir être visible directement dans le contexte de la vidéo. Cela permet de se prémunir des soucis de longueur de texte ou de passage trop rapide des sous-titres. Enfin, d’autres outils peuvent être nécessaires pour incruster les sous-titres ou pour convertir les formats des fichiers finaux.

Suite graphique

Le traducteur n’est pas un graphiste. Cependant, il jongle avec une multitude de clients et donc nombre de formats graphiques. La majorité des documents à traduire sont publiés, ils ont donc été mis en page et parfois soigneusement pensés. Le traducteur doit pouvoir suivre et rendre un travail tout aussi propre que le document de départ. Partant de la simple présentation, aux mises en pages entières, en passant par tous les formats d’images, le traducteur doit savoir naviguer dans tous types de fichiers.

Il ne suffit pas de remplacer le texte, il faut aussi s’assurer que celui-ci rentre bien dans les cases, chose qui n’est pas toujours facile. En effet, d’une langue à l’autre le texte ne prend pas la même place. Parce que les mots sont parfois plus longs, des mots simples dans une langue nécessitent une phrase complète pour véhiculer le même sens dans une autre, etc. C’est ce qu’on appelle le foisonnement. Quand on sait que le français est en moyenne 20% plus long que l’anglais. La moindre mise en page va forcément nécessiter des vérifications après la traduction, ne serait-ce que pour s’assurer que le texte ne sorte pas de la page.

TMS

Un acronyme de plus, un ! TMS signifie Translation Management System ou, dans la langue de Molière, système de gestion des traductions. Comme son nom l’indique, il sert à gérer tous les dossiers et projets de traduction. C’est un peu l’ERP du traducteur et il lui permet de suivre ses dossiers et où ils en sont.

Là aussi, il existe toute une gamme d’offres plus ou moins élaborées et aux fonctions variées. Parfois, cet outil est couplé avec l’outil de TAO, parfois non. Pour dire vrai, à l’échelle d’un traducteur indépendant ce n’est pas forcément un indispensable. Un simple Excel peut souvent suffire et se révéler plus pratique et rapide au quotidien.

Par contre, le traducteur se doit de savoir comment ça marche s’il travaille avec des agences de traduction. En effet, nombre de celles-ci utilisent ces TMS. C’est au traducteur de s’y connecter pour récupérer le travail à effectuer et pour le restituer.

Gestion d’entreprise

Ce n’est pas ici un outil spécifique, mais plutôt une grande catégorie. Un traducteur est une entreprise à lui seul. À plus ou moins grande échelle, il a besoin de tout ce qui permet à une entreprise de vivre.

Le traducteur doit faire son suivi financier et sa comptabilité (devis, facturation, TVA, moyens de paiement…).

Il est aussi un commercial puisqu’il doit trouver ses clients. Les CRM et autres forces de vente font donc partie de la panoplie possible.

C’est aussi un marketeur/designer/informaticien… parce que personne ne peut se passer d’une présence sur le net de nos jours.

Bref, ce sont autant de casquettes que revêtent tous les indépendants et qui peuvent chacune nécessiter des outils supplémentaires.

Et vous, quels sont vos outils préférés ?

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